Sylvain Filion, toujours parmi les meilleurs sur le sulky

12 mars 2022

Par Daniel Delisle . -Murray Brown, mentor des fermes Hanover durant plusieurs décennies, publie aléatoirement une chronique sur HRU ( Harness Racing Update ), une chronique affublée du titre intrigant de From The Curmudgeon, qu’on pourrait traduire par ‘le Grincheux’ une référence sans doute au franc parler de ce monsieur dont on ne se lasse pas de connaître l’opinion sur de multiples enjeux entourant le monde des courses. Le 13 février dernier, il faisait paraître une entrevue qu’il venait de réaliser avec Sylvain Filion, dont nous reproduisons ici quelques extraits grâce à son aimable permission.

 

*L’entrevue de Sylvain avec M. Brown est longue et étoffée. Je me suis permis d’en traduire les extraits qui me semblaient les plus pertinents. Sylvain est bien connu chez nous et je me suis intéressé aux passages vraiment inédits.

 

Toujours parmi les meilleurs au pays

 

« Cette année, de raconter Sylvain, j’étais en nomination pour l’O’Brien du meilleur conducteur au pays, un honneur que j’ai gagné quatre fois. Cependant, je ne me faisais aucune illusion, c’était l’année de James MacDonald et j’étais convaincu qu’il gagnerait le titre parce qu’il le méritait pleinement, ayant connu la meilleure année de sa carrière. »

« Un des faits saillants de ma carrière a sûrement été ma participation au World Driving Championship en 1999 qui se déroulait en Australie, que j’ai gagné. Le chemin n’a pas été toujours facile. J’avais tenté ma chance en Ontario autour de 1998 et 1999 quand les choses ont commencé à mal aller au Québec. Les bourses à ce moment-là n’étaient pas suffisantes pour en faire un gagne-pain. Je suis resté trois ans et quand il y a eu une reprise au Québec, avec de meilleures bourses, j’y suis retourné. J’avais aussi un peu le mal du pays et je me suis bâti une maison à Lachute, tout près de la ferme de mon père, Yves.  J’y suis demeuré jusqu’en 2012, puis je suis revenu en Ontario et n’ai jamais regardé en arrière depuis. »

 

« La compétition en Ontario est féroce. Le groupe de conducteurs ici à Mohawk est parmi les meilleurs en Amérique. Tous ces jeunes conducteurs que j’affronte soir après soir ne sont pas faciles à rivaliser, surtout quand ils ont ce qu’on appelle le ‘horse power’. Si vous me poussez au pied du mur et que vous me demandez d’en choisir un que je considère comme le plus difficile à conter, je dirais probablement Doug McNair. Quand il a un bon cheval dans une course donnée, vous êtes mieux d’en conduire un meilleur que le sien si vous pensez gagner la course. Je dis cela en reconnaissant que James MacDonald est devenu lui aussi très bon. Il est encore jeune et deviendra sûrement meilleure encore. »

Des entraîneurs très compétents

 

Pas de doute dans l’esprit de Sylvain, pour se maintenir au sommet, il doit conduire des chevaux d’entraîneurs compétents et productifs. Il en a mentionné quelques-uns et sans surprise, les noms de Richard Moreau et de Luc Blais. De Richard, il dira qu’il est un des gars les plus travaillants qu’il ait connu. « Il est sans égal dans la connaissance de ses chevaux, comment les atteler, comme s’il lisait dans leur tête. Il sait aussi à quel niveau les faire courir, dans des classes qui leur conviennent. »

 

De Luc Blais, entraîneur chez Détermination, il dira que Luc s’est hissé parmi les meilleurs grâce au contact établi par son père Yves et M. Serge Godin. « Luc a travaillé pour mon père durant huit ou neuf ans. Il est excellent pour jauger un cheval et un bon travaillant lui aussi. Ce qui m’amène à parler de mon père et de toute l’importance qu’il a eu dans ma carrière. Ce que je peux dire, c’est qu’il est un travailleur hors pair. Il a à peu près tout fait dans l’industrie, l’élevage, la conduite en courses, l’entraînement.  Il a développé de super chevaux qu’il a amenés aux courses, qu’il a conduits et entraînés. C’est un homme à chevaux complet et à 75 ans, il demeure alerte et peut encore conduire en courses avec brio. Il m’a donné toutes les chances pour réussir, me cédant les guides alors qu’il aurait très bien pu le faire lui-même. Je lui dois tout, finalement. »

Sylvain a terminé cette longue entrevue en disant qu’à 53 ans, il se sent encore d’attaque pour rivaliser avec les plus jeunes. Et ceux qui suivent les activités des courses en Ontario, seront certainement d’accord pour dire qu’il n’a rien perdu de ses qualités de conducteur parmi les meilleurs de sa génération.

Photos : Dave Briggs, Dave Landry