Par Daniel Delisle . – Rares sont les chevaux qui courent encore à 14 ans, plus rares encore s’ils sont en mesurent de se signaler sur probablement le circuit le plus exigeant en Amérique du Nord, celui de la piste de Yonkers. The Real One est un de ceux-là. Propriété de Hélène Fillion ( Bertrand Ayotte ), entraîné et conduit par Patrick Lachance depuis plus de dix ans, The Real One mettra fin à sa carrière en piste dans les derniers jours de décembre prochain. Une carrière unique, extraordinaire, d’un cheval qui aura amassé au cours de sa carrière plus de 1.6M$, un fait qui parle à lui seul. Et tout ça, dans le quasi anonymat. Une histoire fantastique.
Des débuts modestes
The Real One est né le 20 avril 2010 sur la ferme de Daniel Surprenant. Richard Berthiaume en fut le premier proprio, l’éleveur aussi puisque c’était lui qui possédait la jument, une Bettors Delight qui n’avait à peu près pas couru et qu’on avait fait saillir par Mach Three. Les premières leçons furent prises chez Normand Bardier Jr et quand il fut prêt pour la piste, on le retrouve chez Benoît Baillargeon : deux qualifications, deux courses sur la grande piste sans éclat particulier et M. Berthiaume le met en vente sur le site de Standardbred Canada. On est en déjà fin juillet et il se trouve qu’à ce moment-là, Hélène et Bertrand sont à la recherche d’un cheval. « On aimait la lignée, et on aimait ses derniers quarts de mille, tous sous les 29 secondes. 10 000$ plus tard, le cheval arrivait chez nous et y débutait une très très longue carrière.»
Hélène poursuit : « On lui a fait prendre une dizaine de départs, neuf pour être précis, sept à Rideau et deux à Trois-Rivières dans les premières courses pour des chevaux de 2 ans québécois. C’est Richard Simard qui le pilotait. Dans une finale pour 15 000$, il a terminé 2e à un cou du gagnant. Il a gagné en 1.58.1 le 4 octobre à Rideau et quelques jours plus tard, on mettait fin à sa saison, plutôt satisfait de ce qu’on avait vu. Avec 12 450$ amassés, c’était satisfaisant.
À 3 ans, on lui a fait débuter la saison à Rideau et en juin, il a pris part aux épreuves du Circuit Québec. Il a gagné trois de ses quatre épreuves éliminatoires, dont une en 1.54.1. Dans la finale, il s’est classé quatrième. Il faisait partie d’une cuvée très relevée, dominée par Duc Dorleans qui devait établir un record de 1.52.4 qui a tenu pendant plus de dix ans. Entre temps, on lui avait fait prendre le départ dans un Grassroot et il avait gagné une de ses trois courses en 1.54.1 à Grand River, à ce moment-là, une piste d’un demi-mille. Une lumière s’est donc allumée : notre cheval tenait bien son bout sur un tel tracé et nous nous sommes mis à envisager une piste d’un demi-mille. »
«Yonkers s’est imposé à notre esprit et un an plus tard, nous établissions un contact avec Patrick Lachance, un entraîneur et conducteur sérieux, avec une réputation sans tache et surtout, qui s’exprimait bien en français. Cette décision allait avoir tout un impact sur la suite des choses, comme on le sait maintenant, avec dix ans de recul. »
L’éclosion à Yonkers
« Après donc avoir participé à la Série québécoise de 2014, série au cours de laquelle il avait bien fait, gagnant une éliminatoire et terminant 3e dans la finale, ce fut le grand départ pour l’aventure, une aventure signée Patrick Lachance. Le succès fut instantatné : trois victoires soulignèrent son arrivée là-bas dans l’écurie de Patrick, dont une retentissante victoire en 1.52. Ce fut ensuite le saut déjà contre les meileurs dans l’Open, très richement doté comme encore aujourd’hui. En 2014, l’enjeu de cette classe était 44 000$. Cette année fructueuse s’est conclue sur une note très positive avec une victoire à The Meadowlands en 1.50.1, un nouveau record pour notre cheval qu’on s’est empressé de ramener au Québec pour la période hivernale. Il en a d’ailleurs été ainsi jusqu’en 2022. Cette année-là, les problèmes de Covid et aussi le fait qu’un cheval âgé a plus de difficulté à retrouver la grande forme, nous l’avons laissé à Patrick, sur la ferme qu’il occupe à Magical Acres au New-Jersey.»
La suite demain