Par Daniel Delisle . – C’est officiellement le 13 octobre dernier que Sylvain Filion, un membre du Temple de la Renommée depuis l’an dernier, mettait un terme à sa prolifique carrière de conducteur qui l’a vu connaître des succès comme aucun autre conducteur à travers le pays. Quand on connaît l’homme, sa sagesse, sa maîtrise de différentes situations, on sait tout de suite que cette décision est le fruit d’une longue réflexion et l’aboutissement d’un processus mûri. En fait, de son propre aveu à Standardbred Canada, c’est l’an passé que cette décision a été prise.
Un bon timing
« J’ai toujours gardé ma maison au Québec tout près de la ferme de mon père. C’est ma belle-sœur qui l’occupait pendant toutes ces années. On y retourne maintenant et comme notre fille est en 6e année, elle sera au secondaire l’an prochain, c’est donc aussi un plus pour elle. Ma décision est ferme pour les mois qui viennent. Cet hiver, avec certitude, je ne conduirai pas. Je me garde cependant une porte ouverte au printemps. J’évaluerai les choses à ce moment-là. Je ne veux pas faire de ce retrait tout un plat, je veux quitter en douce sans tambour ni trompette. Nous avons toujours pensé que nous reviendrions au Québec, un jour. J’ai travaillé dur tout au long de ces années, je crois que je mérite cet arrêt, qu’il soit définitif ou pas. Si je décide de revenir, ce sera ma décision et et ce serait une séparation difficile pour la famille. »
« J’ai toujours dit aux membres de ma famille que si je devais arrêter de conduire en courses, je le ferais à mes propres conditions. Je me compte chanceux de pouvoir décider par moi-même si cet arrêt sera définitif ou non. Je veux profiter de ce qu’il me reste de vie pour pendant que je le peux. Ce n’est pas le privilège de tout le monde.»
Une marque indélébile
Sylvain aura marqué l’histoire des courses au Canada comme pas un. Ses 10 230 victoires sont un sommet pour un conducteur au pays. Il a en outre gagné le trophée du meilleur conducteur quatre fois au cours de sa carrière, quatre O’Brien Awards donc et un championnat mondial des conducteurs en 1999. Ses plus que 10 230 victoires sont jumelées à des gains dépassant les 144M$. Et encore cette année, il a gagné sa large part de courses dont deux autres Super Finales il y a quelques jours, poussant son total à 19 Super Finales, un sommet pour les conducteurs canadiens.
Encore cette année, il a pris part à plus de 1 400 courses, en a gagné 183 pour des gains de plus de 4.6M$. Pas trop mal pour un gars qui décide de s’arrêter. Ce ne sont évidemment pas les circonstances ou l’absence de talent qui l’arrêtent.
Des passages chez nous remarqués
Les amateurs à H3R regretteront ses nombreuses présences, surtout dans les événements spéciaux que sont les journées des finales pour l’élevage québécois. C’est dans ces moments-là surtout que son père Yves faisait appel à ses services, généralement avec succès. D’ailleurs notre livre des recors renferme toujours le record de Cadillac Bayama pour les poulains ambleurs de 3 ans, un record de 1.52.3 établi en septembre 2021. Chaque fois que Sylvain s’amenait pour compétitionner, on savait dès lors que le spectacle en serait rehaussé par sa présence et son savoir-faire en piste. Ce qu’on retiendra aussi de ce gentilhomme posé, c’est son amabilité et sa disponibilité. On peut affirmer sans se tromper qu’il a pu constituer un modèle pour la plus jeune génération. Il nous manquera, c’est certain.
Au nom du CJQ et au nom des gens de chevaux du Québec, on ne peut que lui souhaiter un repos bien mérité après une carrière extraordinaire qui s’est étendue sur quelques décennies. C’est en 1987 que tout cela a commencé et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça se termine en beauté.
Dans un tout autre ordre d’idées, c’est ce soir que se mettent en branle à The Meadowlands les épreuves du Breeder’s Crown. Les 2 ans en vedette aujourd’hui, les 3 ans et les chevaux âgés demain.