Par Daniel Delisle. Il n’y a pas de métier ou de carrière de tout repos. Chacun pourrait en témoigner. Une chose est certaine cependant, si vous êtes Québécois et que vous voulez vivre une carrière de conducteur de chevaux de courses attelées, vous ne devez pas craindre la route ! C’est le moins que l’on puisse dire. Qu’ils aient pour nom Steeven Genois, ou Pascal Bérubé ou Stéphane Brosseau ou Samuel Fillion, c’est le prix à payer. Et le prix est passablement élevé en temps, en kilomètres, en absence du foyer familial. Le cas de Steeven Genois en est une bonne illustration.
Horaire hebdomadaire actuel
Rejoint lundi matin alors qu’il parcourait la distance entre Rideau et le foyer familial à Lévis, Steeven avait du temps à nous consacrer : « Actuellement, je suis à la maison et à l’écurie les lundis, mardis et mercredis. Le jeudi, je suis à Rideau; de là je me rends à Vernon Downs ( état de New-York ) les vendredis et samedis; le dimanche, je suis à H3R et à Rideau en soirée. Tel est mon horaire de ce temps-ci. Les choses risquent de changer pas mal à la fin du mois et au début novembre, puisque Vernon et Trois-Rivières suspendront leurs activités. Qu’est-ce que je ferai à ce moment-là ? Je n’ai pas pris de décision encore. Il faudra que j’en jase avec Mélanie ( Boulianne ) , ça c’est sûr. Nous avons deux jeunes enfants et elles demeurent une priorité. »
« Mon histoire à Vernon a commencé quand j’étais à Saratoga ce printemps. Des entraîneurs là-bas m’ont demandé si je voulais aller conduire leurs chevaux les weekends à Vernon, étant entendu qu’à Saratoga, cette année, les courses sont les lundis, mardis, mercredis. J’étais donc libre durant les weekends. Et les choses s’y sont bien déroulées, de sorte qu’une fois revenu au Québec, j’ai décidé de continuer d’y conduire. Et actuellement, l’horaire s’agence bien avec Rideau et Trois-Rivières. »
La grande piste
« Vernon est devenue une piste de sept huitièmes, comme à Toronto. J’adore ! Elle nous permet de toujours nous bien positionner en courses, de prendre notre temps, d’étudier nos options C’est moins drastique que sur un demi-mille. Comme je suis du style patient en courses, ça me porte chance. Ces jours-ci, je conduis dans environs une trentaine de courses par semaine. Pour cinq programmes, ça me donne une demi-douzaine de conduites par piste, c’est très correct. Quand en plus, je deviens le régulier pour une écurie d’importance, c’est plus facile et plus rentable, plutôt que de conduire les chevaux dont les autres ne veulent pas. Dimanche, par exemple, j’ai eu la chance de conduire pour Maxime Velaye à Rideau, c’est un gros plus ! »
À la maison
« Je suis toujours associé avec Jonathan Dupuis, le mentor des Écuries Largo. Jusqu’ici, nous n’avons pas été particulièrement chanceux avec nos jeunes chevaux, mais nous vivons tous les deux d’espoir qu’ à un moment donné, ça débloque. Un poulain comme Le Massif a du talent; nous entrevoyons une bonne saison en 2022. Actuellement, sur la ferme, avec Mélanie, nous attelons sept chevaux. On a trois poulains domptés aux guides, un autre qui vient d’embarquer sur le ‘long shaft’. Nous avons trois 2 ans qui auront 3 l’an prochain. Eyes Of Justice est à Saratoga et nous conservons toujours Major Damage. C’est du boulot et nous espérons développer un jour un champion. Jonathan est très patient; il a investi des sommes colossales jusqu’ici et il mériterait tellement qu’il lui arrive quelque chose de bien. »
Bonne saison
C’est en 2019 que Steeven a connu sa meilleure saison, une saison durant laquelle il prenait part aux courses à Saratoga. Cette année s’annonce pour être sa 2e meilleure, et donc, tous ses sacrifices semblent vouloir porter leurs fruits. Il compte déjà 341 départs, a gagné 33 fois pour des gains de 229 000$. On est loin des 600 000$ de 2019, mais c’est mieux que toutes les autres années de sa carrière. Surtout, il aime ce qu’il fait, accepte les sacrifices exigés et connaît sa part de succès. Et Mélanie l’accompagne et le soutient dans cette quête perpétuelle du succès sur le sulky. En cela, sa vie ressemble à celle de Stéphane, de Pascal ou de Samuel.