Siboney défraie la manchette

16 décembre 2022

Par Daniel Delisle . – Incroyable tout de même les détours que prend parfois le destin. Une petite jument élevée par Normand Plourde, répondant au nom mystérieux de Siboney se signale aujourd’hui dans des courses en Ontario alors que toute jeune, à H3R, rien ne présageait une telle explosion. Vendredi dernier, Siboney prenait même le départ à Mohawk, forte de ses plus que 35 000$ de gains dans la seule année 2022; antérieurement à ce départ, c’était la onzième fois que la jument a été réclamée cette année. Qui dit mieux ?

 

Un peu d’histoire

 

Normand Plourde, maintenant octogénaire, possédait une jument du nom de Lizo Maggs, une Bolero Master. Cette jument, pour celles et ceux qui ont de la mémoire, fut le dernier cheval à gagner une course à l’hippodrome de Québec avec Pierre-Luc Roy aux guides. M. Plourde se décide ensuite à envoyer sa jument à la cour de l’étalon de Serge Nadeau, Windfall Blue Chip et de cette union attendue, naquit la pouliche Siboney. Siboney ? Petite agglomération sur l’île de Cuba qui doit sa renommée à une chanson de Nana Mouskouri du même nom. C’est en l’honneur de cette chanson que fut nommée la pouliche.

 

À 2 et 3 ans, rien de bien spectaculaire. À 2 ans, un maigre 350$ récoltés sur le Circuit Régional et à 3 ans, trois victoires, dont une en 1.58.1 pour des gains de 10 190$. Pas spectaculaire mais disons convenable. À 4 ans, toujours à H3R, c’est plus compliqué; à cette époque, pas de courses spécialement dédiées aux juments de sorte que M. Plourde se résigne à la vendre et voilà Siboney qui parcourt avec succès les pistes B de l’Ontario, suscitant ça et là la convoitise des acheteurs de chevaux à réclamer, qui fut le sort attendu de la jument. On est à l’automne 2020. Le 20 octobre de la même année, première d’une longue série de réclamations pour la somme de 7 000$ plus les allocations.

Siboney et Francis Picard lors de sa première victoire officielle

 

L’éclosion

 

On ne parle pas ici bien sûr d’une jument pour l’Open Mares à Mohawk. Non, simplement d’une jument coriace, saine, compétitive qui poursuit son p’tit bonhomme de chemin sur les différentes pistes B de l’Ontario. Au gré des réclamations et des proprios différents ( ils furent 14 nouveaux proprios au cours des trois dernières années ), elle sillonne tout à tour des pistes comme Hanover, Clinton, Grand River, London ( Western Fair ). C’est d’ailleurs à Grand River en 2021 que Siboney prend un nouveau record à vie, toujours intact au moment d’écrire ces lignes : 1.57.3 dans l’écurie de Brett Lester avec Natasha Day aux guides. Au fil des années, on remarque aussi que la jument se distingue surtout sur les tracés d’un demi-mille dont elle semble s’être fait une spécialité. Petit détail intéressant : aux dires de Mélanie Gaudreault, une bonne amie de M. Plourde, la jument a toujours été un brin stressée, qui faisait qu’elle n’était pas si facile à jogger. Les gens de chevaux diront dans leur langage coloré, qu’elle ‘ accotait’.

Un cercle des vainqueurs fait de gens heureux,, M. Plourde, 3e à droite

Siboney a fait sa renommée en se signalant donc dans des courses à réclamer et à l’occasion ces courses entraînent des séries. Ses différents proprios se sont fait un point d’honneur de l’y inscrire, et la jument de s’y signaler, comme le 2 décembre dernier à Western Fair. Cette victoire a valu à la jument les gros titres sur Standardbred Canada, accompagnés s’il vous plait d’une photo, chose qui a attiré l’attention de votre chroniqueur, lequel s’est un temps demandé, s’il s’agissait bien de la jument élevée par M. Plourde.

Une victoire à H3R dans le cadre du CR avec LPR lui-même aux guides,

En conclusion

 

Magnifique histoire, non ? On passe de Lizo Maggs à Siboney et de Pierre-Luc Roy, hippodrome de Québec à Sylvain Filion, 9 décembre, hippodrome de Mohawk. Comme quoi, il ne faut jamais désespérer ou capituler sur les chevaux. Ils ont leur manière à eux de réécrire l’histoire.  Quant à M. Plourde, il suit son ancienne protégée avec ferveur et comme il le dit si bien avec lucidité, s’il n’avait pas 86 ans, il la réclamerait de nouveau pour qu’elle soit encore bien à lui. Mélanie Gaudreault en serait fort aise d’ailleurs.  Siboney : une histoire à suivre dont les derniers chapitres ne nous sont pas encore connus.

 

Western Fair

 

NDLR Le 9 décembre à Mohawk, Siboney a terminé 7e et a été réclamée pour la 12e fois en 2022 ! Elle prendra de nouveau le départ ce vendredi, dans la 10e course à Mohawk pour la finale du POP UP séries avec un enjeu de 18 000$ Qui sait ?