Par Daniel Delisle . – Le 8 mai 2024 restera à tout jamais dans la mémoire de Daniel Surprenant, l’homme derrière les succès de l’élevage Dgs. «Ce jour-là, dira-t-il, était pluvieux et je m’étais proposé de travailler aux champs pour les semences. Compte-tenu de la météo, j’ai heureusement changé d’idée et décidé d’accompagner ma femme Guylaine aux commissions. Nous avons dîné ensemble chez Tim Horton, puis on s’est dirigé vers le centre commercial pour que Guylaine fasse ses emplettes. Je lui ai dit que je me reposerais dans l’auto en l’attendant; c’est quelques chose qu’il nous arrivait de faire à l’occasion.»
Un hôpital tout proche
« Quarante-cinq minutes plus tard, Guylaine est revenue et je conduisais en direction de la maison quand elle s’est mise à me demander si j’allais bien, je lui semblais fatigué. Les signes extérieurs étaient corrects, c’est du moins ce que je pensais, mais elle ne me trouvait pas normal. Quand on vit avec quelqu’un pendant des années, cette personne en arrive à deviner nos états d’âme et notre comportement. Guylaine était inquiète, tellement qu’elle m’a supplié de prendre le volant à ma place. Entre temps, elle a appelé notre gendre qui est une personne qualifiée comme aidant. Son verdict était direct, allez-vous-en à l’hôpital. Ce que nous avons fait et dès qu’on y a mis les pieds au triage, on m’a mis sur une civière en me confirmant que j’étais à faire un AVC.»
« Je suis resté hospitalisé une dizaine de jours. J’ai passé toutes sortes d’examens pour en arriver à la conclusion que je vivais et que j’aurais à vivre les conséquences de l’AVC. On m’a aussi confirmé que c’était le 4e fois que cela survenait, probablement dans mon sommeil, de sorte que je n’en avais jamais eu conscience avant. Cette fois, c’en était un en bonne et due forme. La proximité de l’hôpital, la clairvoyance de Guylaine et celle de mon gendre ont probablement fait en sorte que l’AVC n’a pas eu des conséquences encore plus dramatiques pour ma vie de tous les jours et pour mon retour à la santé, du moins à une certaine forme de santé. »
Réapprendre à vivre
« Évidemment, les derniers six mois n’ont pas été faciles. Sans l’aide de Guylaine, de mon gendre, de ma fille, certains amis comme Martin Léveillé ou Pierre Piedalue, de mes proches en fait, je n’en serais pas là où je suis aujourd’hui, à quelques jours d’un autre Noël. Quand je pense à mon gendre qui venait tous les matins pendant six mois, à 4h30, faire le train à l’écurie, avant d’aller à son travail; aux gens comme Pierre Piedalue qui ont accepté de prendre quelques chevaux à l’entraînement, je réalise combien importante fut l’aide apportée. Pendant des semaines, j’avais des rendez-vous avec un physiothérapeute, un ergothérapeute, un orthophoniste, à une heure de route de la maison. J’avais besoin de quelqu’un pour m’y conduire, généralement Guylaine, mais aussi ma fille Karine. Tous ces proches furent essentiels, indispensables, pas pour une journée, pour des semaines et des mois».
«Le plus difficile dans tout ça, c’est qu’on ne retourne pas à 100% à notre ancienne vie. Aujourd’hui, je me compte chanceux de pouvoir marcher, de pouvoir parler, de pouvoir réfléchir. Je réapprends à vivre avec des limites. Simplement pour marcher, j’ai d’abord eu besoin d’aide d’une ou deux personnes, puis d’un déambulateur, puis d’une marchette, puis d’une canne . Je dois en quelque sorte penser à ce que je faisais jadis machinalement. C’est ça qui est difficile, qui est épuisant aussi mentalement. Une personne normale ne pense pas qu’elle marche, qu’elle monte un escalier, qu’elle conduit son auto. Pour moi, tous ces gestes familiers ne sont plus automatiques. Je dois y réfléchir, y penser. Ça vient chercher beaucoup d’énergie.»
« Quand je repense à tout ça et Dieu sait si en une dizaine de jours hospitalisé, on a beaucoup de temps pour ce faire, j’essaie de penser quels auraient pu être les signes prémonitoires. Je n’en ai trouvé qu’un : j’avais de la difficulté à écrire, à bien écrire. J’attribuais la chose à mon âge, ( 67 ans ) et ça n’a pas allumé de lumière spéciale. L’anxiété fait aussi désormais partie de ma vie : je deviens inquiet. Je me pose des questions sur mon avenir, celle de mon couple, de ma famille, de mon travail d’éleveur, sur ma vie. Et comme je n’ai pas toutes les réponses, ça peut devenir angoissant.C’est aussi frustrant de me rendre compte de mes nouvelles limites, de les accepter et d’essayer d’aller de l’avant. J’essaie. Je suis un gars volontaire de nature et je constate aussi que je fais des progrès, pas tout ce que je souhaiterais, mais tout de même des progrès que je peux voir. C’est une forme d’encouragement que je me donne à moi-même.»
Joyeux Noël
« Je veux aujourd’hui saisir l’occasion pour remercier sincèrement toutes celles et tous ceux qui m’ont aidé ou prodigué des encouragements. Je l’apprécie. Et à l’approche des Fêtes, je veux profiter de l’occasion pour vous souhaiter un Joyeux Noël. Appréciez la vie, appréciez vos proches, appréciez chaque minute qui passe. Demain ne nous appartient pas!»
Merci, Daniel, pour ce beau témoignage. Au nom du Club Jockey du Québec, Joyeux Noël à tous les lecteurs, lectrices de cette chronique hebdomadaire. Soyons bons les uns pour les autres!
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