La renommée pour Verdun

06 décembre 2024

Par Daniel Delisle . –  Quand on pense à la trajectoire qui a mené Verdun, ce petit cheval, vers les sommets, on a peine à y croire tellement l’histoire est belle et inspirante. Un produit d’élevage québécois qui s’élève à 4 ans au rang des meilleurs sur le convoité tracé de Yonkers, mérite quelques lignes. Depuis son passage chez Patrick Lachance, il a pris part à une douzaine de courses avec des résultats qui se lisent comme suit : 13 départs au 30 novembre, ( 7-1-2 ) pour 215 612$. Des chiffres à faire rêver!

Pop Goes Theweasel

Verdun est un cheval élevé par Roland Trudel dont la ferme est située sur la rive sud de Trois-Rivières. L’histoire commence avec l’achat pour 3000$ de la jument Pop Goes Theweasel, après l’encan de London. « J’étais allé à London cette année-là ( 2013 ) avec l’idée de m’acheter un cheval et je suis reparti avec un trotteur. J’avais été attiré par une pouliche par Mach Three mais j’étais retourné à la maison avant qu’elle ne passe dans le ring. Claude Beausoleil avait acheté la pouliche pour 2 500$ et il devait me ramener mon trotteur. Quand je me suis présenté chez lui, je lui ai demandé de me montrer la pouliche et après quelques échanges, il me l’a proposée pour 500$ de plus. J’ai dit oui. Oo connaît la suite. Si vous êtes un habitué d’H3R, vous vous rappelez sans doute des débuts prometteurs de la pouliche dont une 2e en 1.57.3. Jean Tourigny l’entraînait et nous l’avons ensuite fait courir à Flamboro où elle a rapidement pris un record de 1.58, en novembre. »

» À 3 ans, la pouliche a pris un record de 1.51 à Mohawk chez René Bourassa et y a fait carrière jusqu’en 2017. Sa carrière s’est terminée avec des gains de 137 000$. Quand est venu le moment d’en faire une poulinière, je suis allé à Bettors Delight dont j’ai toujours aimé la conformation et la lignée. Et c’est ainsi qu’est né Verdun, un petit poulain, bien conformé mais petit, avec beaucoup de vitalité. Marie-Claude Auger avait à ce moment-là des chevaux sur ma ferme et elle m’a donné un bon coup de main pour le débourrer et l’initier aux courses. Il avait du talent, il rappelait aussi beaucoup le père, ça se voyait tellement que lorsque il fut temps de lui faire prendre le départ, je l’ai envoyé chez Jean Tourigny à Toronto. Il a couru 8 fois à 2 ans dont une victoire en 1.52.3. »

Verdun à 3 ans

« Le poulain a connu une super bonne année à 3 ans avec des gains de 150 000$ et un record de 1.50.4. J’aurais tant aimé lui voir prendre une marque sous les 1.50, et il a passé très près de le faire à quelques reprises. Par deux fois, il a arrêté le chrono sous les 1.50. On avait souvent le meilleur poulain ontarien contre nous, Stockade Seelster, mais le nôtre tirait bien son épingle du jeu. À la fin de l’automne, comme j’avais plusieurs autres jeunes prospects dans l’écurie, je l’ai mis en vente et ai obtenu presque 100 000$ canadiens. J’aurais espéré un peu mieux, mais c’était satisfaisant, et je ne regrette rien. Le gars qui l’a acheté l’a fait courir, disons durement. Puis, il l’a mis dans une épreuve à réclamer et il est passé à l’écurie de Patrick Lachance, la meilleure chose qui pouvait lui arriver. Le monsieur en question est Thomas Cesaro et j’imagine qu’il n’a jamais regretté de l’avoir envoyé à Patrick, un gars de chez nous qui a su et qui sait toujours en tirer le meilleur parti.»

Yonkers, l’éclosion

« C’est extraordinaire comment le cheval s’est affirmé chez Patrick. Il l’a fait courir dans l’Open pour les 3 à 5 ans et c’est là qu’il s’est signalé comme jamais. Il n’est toujours pas très gros, donc un tracé d’un demi-mille lui va comme un gant. Il a gagné six fois de suite dans cette classe dont l’enjeu est autour de 45 000$ US, dont deux fois coup sur coup de la 8e position. Faut le faire! Le chrono est généralement dans les 1.51, 1.52. Il a d’ailleurs gagné une fois en 1.51.1 de la 8e position. Il compte déjà 36 départs cette année. »

Parmi les grands

Ce fils de Bettors Delight compte maintenant plus de 500 000$ de gains en carrière. Le cheval est toujours étalon, de sorte que l’on ne sait pas ce que sera la suite pour lui. Chose certaine, les preuves sont là : il est devenu un autre fleuron de l’élevage québécois, et il faut en être fier. D’ailleurs, la jument a donné à Roland deux pouliches, une par Mcwicked en 2023 et une autre par Control The Moment en 2024. Roland demeure donc un éleveur actif avec ses deux poulinières, deux yearlings, deux weanlings et évidemment, Jimbelina, dont la mère est une Bettors Delight.

Jimbelina, toujours active, dépasse les 300 000$ de gains à vie.

Pour réussir dans l’élevage, il faut évidemment avoir du flair, Roland en a, et à l’occasion, un peu de chance, et Roland en a aussi.