Jessica Turenne garde le cap

26 mai 2023

Par Daniel Delisle . -Une des rares femmes à faire carrière sur le sulky, Jessica Turenne continue son petit bonhomme de chemin avec courage et détermination. Aujourd’hui âgée de 27 ans, cette femme est aussi une personne qui a consacré toute sa jeune vie aux chevaux, puisque, semaine et dimanche, elle travaille à l’écurie et semble en retirer une grande satisfaction. On peine à l’imaginer ailleurs tellement c’est une naturelle, suivant en cela les traces de son père Serge, décédé tragiquement sur la piste de l’hippodrome trifluvien il y a de cela 22 ans et de sa mère Linda Bélanger, elle aussi dédiée au monde des courses comme entraîneuse.

 

Difficile, oui, mais

 

Quand on l’écoute, Jesse comme la surnomme un peu tout le monde, on se rend vite compte qu’elle est dans le métier pour y rester : « C’est vrai que j’ai connu une vraie bonne première année en 2021 avec une quinzaine de victoires, mais l’an passé, même si je n’ai gagné que deux courses, je suis tout de même assez satisfaite. Oui, les victoires c’est important, mais je suis quand même parvenue à gagner plus de sous l’an passé, avec plein de chevaux qui ont fini dans l’argent. ( elle a raison : 2021, 43 751$; 2022, 53 704$ ). Les gens remarquent plus les victoires et c’est normal, mais moi quand je m’assois sur un sulky, mon idée c’est que je permette au cheval de faire le mieux possible, compte tenu de ses aptitudes, de la classe dans laquelle il court, de sa position de départ. Parfois, une belle 3e place savamment tricotée, c’est mieux à mes yeux que certaines victoires trop faciles. »

« Si j’avais quelque chose à améliorer, je dirais que je dois devenir avec le temps plus patiente dans le déroulement d’une course. Passer à l’attaque au bon moment, patienter parfois plus longtemps, bref user de stratégie selon les circonstances. Il faut aussi dire que souvent on se sent bien derrière tel cheval, plus que derrière un autre. Prenez la petite jument de M. Beaudoin, Vintage Love. Ce n’est pas une championne, mais je me sens confortable avec elle et je sens qu’il en est de même pour elle. Le 14 mai, j’ai gagné avec elle même si la cote était de 33/1, et la semaine dernière, une belle deuxième, cette fois à 10/1. »

Vintage Love, une bonne complice de Jessica

La belle expérience de Mohawk

 

Les amateurs se rappellent sans doute avec plaisir la soirée du 9 mars dernier au cours de laquelle une dizaine de conductrices se sont affrontées sur la grande piste de Mohawk, à l’occasion de la journée internationale de la femme. Jessica y était, son amie Marie-Claude Auger aussi. Les deux ont fait très bonne figure. Dans la première des deux courses, Marie-Claude a gagné et Jessica a terminé 4e; dans l’autre, Jessica a terminé 3e, le cheval de Marie lui, était retiré. « Une expérience que j’ai trouvée fantastique. C’est très impressionnant de se produire sur la plus importante piste au Canada. Tout est plus gros. Dommage que mon anglais se limite à yes, no, toaster ! Malgré tout, je me suis bien amusée. »

Jessica de retour sur le sulky de Like Lightning Lou, dimanche, à la 11e

Son quotidien

 

Durant la semaine, Jessica s’occupe de ses deux chevaux, Payback et sa nouvelle acquisition She’s Got The Luck. Elle en est bien satisfaite à sa toute première course à H3R, 4e malgré la 8e position de départ. Durant la saison morte, elle s’est défaite de ses deux chevaux de l’an passé, The Real Mccoy et Angelo Benjo. En plus de ses deux montures, elle s’occupe aussi d’une pouliche que lui a confiée Stéphane Brosseau. C’est une américaine et Jessica est assez confiante de la voir en piste cet été. Plus tôt dans l’année, elle s’occupait aussi d’un poulain de Stéphane, mais finalement il a été convenu de l’arrêter. Tout ce beau monde est installé à la ferme Malo dans Lanaudière.

The Real Mccoy, un cheval avec lequel Jessica a connu certains succès en 2021 et 2022.

Comme elle le dit en badinant, « la saison n’est vieille que de quatre programmes, et j’ai déjà égalé mon nombre de victoires de l’an passé. La prochaine victoire voudra dire que j’ai fait mieux qu’en 2022 ! » On le lui souhaite de tout cœur, car justement cette jeune femme décidée veut réussir. Dimanche, elle se produira dans six courses, un gage évident que les entraîneurs apprécient son travail sur le sulky. Si l’on se fie aux cotes matinales, sa meilleure chance serait justement aux guides de Vintage Love dans la toute première course.