Par Daniel Delisle . – Le collègue Paul Delean au cours des derniers jours faisait part du décès de la jument Tour Royal à l’âge plus que vénérable de 35 ans. Retraitée depuis 2001, la jument, élevée par Paul Labonté, écoulait des jours heureux sous la tutelle de son dernier proprio, Jacques Sarrazin. Un phénomène que cette jument et pour l’instruction des plus jeunes, voici quelques faits saillants de cette superbe carrière. En chiffres d’abord : 378 départs ( 84-61-83 ) 759 425$ pour celle qui vit le jour en Montérégie en 1988. Son record à vie : 1.56.1 à 7ans sur l’ancien hippodrome de Blue Bonnets
Serge Turenne
Parler de Tour Royal, c’est évoquer d’amblée le conducteur-entraîneur Serge Turenne, décédé en juin 2001. Sa conjointe, Linda Bélanger conserve quant à elle de très beaux souvenirs de la jument trotteuse : » M. Labonté l’avait confiée dès le départ à Réal Turenne, le père de Serge. Je me souviens encore de ses premières leçons à la Ferme Grade de St-Basile. Elle était plutôt petite, avec un bon caractère, sauf en présence de d’autres chevaux. Il fallait toujours garder une certaine distance des autres, ce sans quoi elle devenait agressive. Elle a connu à deux et trois ans des séquences de victoires, incroyables. Elle dominait vraiment l’opposition, à preuve sa victoire dans la finale de la Coupe des Éleveurs à 3 ans. »
« Serge avait une façon à lui pour faire décoller la jument en force à la barrière. Sa complicité avec Tour était évidente. Les rares fois qu’il n’a pu la conduire, les autres conducteurs admettaient que Serge avait l’art de bien paraître dans ces moments-là. À l’époque, on est au début des années 90, le Circuit Québec, comme on l’appelait, se déplaçait un peu partout en province : Trois-Rivières, Québec, Aylmer et Blue Bonnets pour les finales. Comme elle n’était pas grosse, elle avait une facilité évidente sur les petites pistes d’un demi-mille et y était quasi invincible. Sa principale rivale se nommait Mather Yuma, beaucoup plus grosse qu’elle. Alors sur les petites pistes, Tour dominait, Yuma était plus coriace sur le cinq-huitièmes de Blue Bonnets. Elle était toujours compétitive, avec une attitude incroyable. D’ailleurs, Serge employait souvent ce mot pour la décrire : incroyable ! »
Longue carrière
Si vous jetez un coup d’œil attentif à sa fiche vous verrez avec étonnement qu’elle a couru 378 fois. Un exploit en soi et un témoignage éloquent de sa durabilité. C’est Linda qui le dit : « En 378 départs, elle a brisé son allure trois fois et les trois fois, elle n’en était pas vraiment responsable. C’était son secret et son avantage sur la compétition. Serge la lançait à l’avant du peloton, et lui comme elle, semblait dire : venez nous battre si vous le pouvez. » Tour Royal a couru jusqu’à l’âge de 13 ans. Elle a pris sa retraite quelques mois après la mort de Serge en 2001.
Paul Labonté d’abord, puis Jacques Sarrazin, les deux ont voulu lui faire connaître une deuxième carrière au haras, qui ne fut hélas pas très fructueuse. Qu’à cela ne tienne, c’est son souvenir à elle qui restera dans les mémoires.
Tour Royal était 100% québécoise. Son père, Aigle Noir fut un coursier honnête avant d’être retiré au haras avec des gains de plus de 140 000$. Il était le fils de Loveliest Mir et Sunday Model, des gros noms de l’époque. On est véritablement ailleurs avec les exigences de cette époque pourtant pas si lointaine.
Tour Royal est décédée à la mi-octobre. Elle mérite très certainement une place de choix dans l’aéropage des meilleurs chevaux d’ici. À MM Labonté et Sarrazin, à Linda et Jessica, notre sympathie pour cette perte émotive. Au fait, Linda et Jessica préparent pas moins de neuf chevaux pour la prochaine saison.