Hooter Shooter, un cheval très aimé

04 octobre 2024

Par Daniel Delisle . –  Les amateurs ne sont pas indifférents aux chevaux qu’ils voient en piste semaine après semaine. On peut même en déduire qu’ils ont leurs favoris, pas nécessairement favoris du mutuel, mais favoris sentimentaux pour toutes sortes de raisons. Une des premières raisons, c’est sans doute la régularité de certains chevaux à gagner des courses, parfois aussi cela tient au nom, à la couleur ( on n’a qu’à penser à La Petite Grise ) et peut-être aussi à la façon de gagner des courses. Hooter Shooter, le cheval de l’écurie Simoneau, emprunte plusieurs de ces raisons : il a un beau nom sonore, une belle couleur brun clair, une façon typique de finir ses courses. Pour tout cela, il est définitivement un des chevaux ‘chou chou’ des amateurs.

Semi-retraité

En jasant avec son entraîneur et propriétaire depuis 2019, on apprend le pourquoi de l’absence de son cheval de la piste : une vilaine fracture à un genou! « Il est au repos depuis plusieurs mois, et il n’apprécie guère sa nouvelle vie de pensionné. Il fait du paddock tous les jours et on ne peut pas se permettre d’oublier de le faire sortir. Les jours de courses, quand il voit le camion partir avec la remorque, il nous démontre qu’il aimerait lui aussi partir. C’est un cheval qui aime son job, il aime courir et ça se remarque. C’est probablement pour ça qu’il est si populaire auprès des amateurs. Et croyez-moi, il est aussi très populaire et précieux pour ma conjointe Wendy et pour ma fille Mary-Lee. S’il fallait que je m’en débarrasse, je passerais un mauvais quart d’heure .»

N’est-ce pas qu’il a fière allure ?

« Je ne peux pas actuellement me prononcer sur son avenir. La blessure a bien guéri et à le voir courir dans son paddock, on ne le croirait pas blessé. On verra. Je vais sûrement encore le garder loin de la piste cet automne et cet hiver, et le printemps prochain, il va faire comme il le fait si bien, aider les poulains et les pouliches en piste. Je l’attelle avec plusieurs jeunes dans un avant-midi. Il joue le rôle de tuteur et semble se plaire à le faire, même si parfois il se fait un peu bousculer par un poulain ou une pouliche trop nerveux. C’est très utile pour montrer les rudiments des courses à un débutant.»

Selon Marc-André, le cheval n’est pas encore prêt pour cette 2e carrière

Toute une famille

Une des particularités de ce cheval, c’est qu’il appartient à une très bonne famille. Après vérifications, on se rend compte que sa mère Paula Seelster était elle-même toute une jument de courses avec une marque en 1.50.4. Et elle a donné de bons chevaux comme Western Art, un Artiscape avec des gains de presque un million et un record de 1.48.3 sur une piste cinq huitièmes. Un autre, Wazzup Wazzup a gagné en 1.49 avec des gains de plus de 560 000$. Lui-même, Hooter Shooter a déjà couru 217 fois avec une fiche de 39-36-36 et des gains de plus de 200 000$ amassés petit à petit sur des pistes comme H3R ou Rideau. À 4 ans, il s’est donné un record à vie de 1.54.1 à Georgian Downs. Curieusement, même s’il n’était pas un sprinter derrière la barrière, il a toujours bien fait sur le demi-mille trifluvien allant jusqu’à récolter certaines années, quelques dizaines de milliers de dollars.

Le conducteur qui s’est assis sur le sulky de Hooter Shooter, le plus souvent, c’est Stéphane Brosseau

Curieusement, durant toute sa carrière, Hooter Shooter, un fils de Badlands Hanover, n’a eu que deux entraîneurs, Marc-André évidemment et Jack Moiseyev. « Je l’ai acquis d’une curieuse façon. J’étais monté à Toronto pour le réclamer, je pense autour de 11 000$. Il devait courir à la septième course si ma mémoire est bonne, mais il faisait mauvais, et les courses furent arrêtées un peu avant. J’ai demandé à Moiseyev s’il me le vendrait pour le prix de la réclamation et il a dit oui. J’étais bien content, c’est sûr. On peut appeler ça un hasard de la vie.»

Un futur incertain en piste

À écouter Marc-André, on sent bien qu’il aimerait que son cheval, maintenant âgé de 11 ans, puisse retourner en piste. Les prochains mois en apprendront davantage sur son avenir. Une chose est certaine, la façon bien particulière de terminer ses milles avec force, manquera aux amateurs, s’il ne revient pas en piste un jour. Il est de ces chevaux qui laissent leur marque par leur courage et leur ténacité. Quand Hooter Shooter était placé aux côtés d’un rival, on pouvait être sûr qu’il le dépasserait. Il n’a jamais été un marchand de vitesse pure, mais sa vitesse, il pouvait la maintenir longtemps. Le cheval a eu plusieurs conducteurs durant sa carrière, Stéphane Brosseau au premier chef, mais aussi Stéphane Gendron et plus récemment Pascal Bérubé. Selon Marc-André, il a pu avoir une dizaine de conducteurs différents dans une année donnée, il n’était pas difficile à conduire.

Un bon match aussi avec Pascal Bérubé

Pour notre plaisir, souhaitons que cet ambleur élancé revienne en piste en 2025. En attendant comme le faisait remarquer en riant Wendy St-Pierre, « lui, il engraisse mais notre porte-feuille maigrit ».