Par Daniel Delisle . -La maturité lui va bien, c’est le moins que l’on puisse dire, lorsqu’on a l’occasion de faire la causette à Francis Richard. Il est heureux de ses choix autant personnel, familial que professionnel. Sa petite famille le comble, son choix de travailler à l’usine s’avère le bon, ses appuis dans le monde des courses sont toujours là, alors l’homme est heureux. Et il y a un certain Fashion Frenzie qui n’est pas étranger à ce bonheur.
Un peu d’histoire
« Quand je me suis présenté à l’encan de London, le 19 octobre 2019, mes moyens étaient modestes. Avec deux partenaires, nous pensions miser autour de 20 000$ à trois. Et un trotteur du nom de Fashion Frenzie avait attiré notre attention. La mère, une Striking Sahbra, était 100% reproductrice et n’avait donné à ce jour que des pouliches. Frenzie était son premier poulain et le père était Archangel. Je l’avais examiné longuement et je me disais que pour un prix autour de 20 000$, il ferait l’affaire. »
« Ô surprise ! Les enchères se sont arrêtées à 7 000$. Je n’en revenais pas. Tellement que je me suis dit que quelque chose m’avait peut-être échappé : une malformation quelconque, que sais-je ? Aussi, j’ai demandé à Louis-Philippe Roy qui était sur place de venir l’examiner et me donner son avis. Et son inspection confirma la mienne. Le poulain semblait sain, correct et n’avait pas de défauts majeurs apparents. Et on est reparti avec, bien heureux de notre trouvaille. »
« Et c’est ainsi qu’après avoir été débourré à St-Grégoire, le poulain a été préparé avec une course de qualification le printemps suivant ( 2.10.2 ) puis envoyé à Toronto chez Dustin Jones. Il a enfilé là quatre victoires, dont une en 1.55.2 dans un Gold. Quelques semaines plus tard, je l’ai confié à Richard Moreau et il est sous ses soins depuis. L’histoire de la suite est connue. Il a gagné la Super Finale à 2 ans, puis à 3 ans ainsi que le Goodtimes. Et aujourd’hui, ses gains avoisinent les 730 000$. Je le prépare actuellement pour sa campagne de 4 ans qui risque d’être plus difficile, alors je prends mon temps et il repartira pour Toronto quand il sera prêt. Je ne suis pas pressé. » Francis partage la propriété de Frenzie avec son paternel Sylvain, Mario Bourgea et Pierre Guillemette.
Du travail à la ferme
« Je travaille pratiquement quarante heures/semaine à l’usine, je peux donc compter sur de l’aide appréciée comme celle de David Pilon, presque complètement rétabli de son accident en piste, celle de mon père aussi plus celle de Fernand Girard. Les weekends, des membres de la famille Desrochers s’amènent, et c’est un gros plus. Nous préparons 14 chevaux pour la prochaine saison : sept 2 ans, six 3 ans, plus Frenzie. De ce nombre, certains sont éligibles au Québec, d’autres pas. Avec certains de mes proprios, comme Guillaume Desrochers, John Bradbury, Gaston Bibeau, Pierre Guillemette, nous avons acheté cinq 2 ans à l’encan de London. Ils ne seront pas éligibles au Québec; deux appartenant à Brian Paquet le seront. Les yearlings achetés à London se répartissent comme suit : un ambleur, deux ambleuses, un trotteur, une trotteuse. Une fois prêts, ils prendront la direction de Toronto, chez Richard. »
Pour les 3 ans, M. Paquet en a trois ( éligibles au Québec ). Nous avons aussi Kaporal, Sunjet Ray , que les amateurs connaissent bien et un trotteur. Tout cela occupe facilement les journées. Et comme tous les entraîneurs à ce moment-ci de la saison, nous pensions que tous les espoirs nous sont permis. On verra bien ! »
Un business avant tout
On le voit, avec autant d’argent investi ( et l’on ne vous a pas parlé de certains chevaux réclamés à Toronto au cours des dernières semaines ), l’accent est mis à la ferme sur le rendement. Comme le dit Francis, avec une grande lucidité, si les chevaux gagnent bien leur vie, ça va; sinon, on s’en défait. Mais gageons que quoi qu’il arrive, il y aura toujours une place à l’écurie Richard pour Fashion Frenzie, trotteur de 3 ans par excellence au pays en 2021 et6 gagnant de l’O’Brien Award.