Échanger avec Guy Corbeil s’avère une expérience enrichissante car l’homme a ses principes, ses vues, ses façons de faire, sa philosophie. Aussi n’est-il pas surprenant que lorsqu’on aborde avec lui le sujet du super cheval qu’est Enavant, il ne se fait pas prier pour nous livrer les sentiments qui l’habitent.
Un cheval facile
« Enavant, c’est un cheval exceptionnel de bien des manières. Sa personnalité fait en sorte qu’on peut se permettre de faire de la selle avec lui, ce que certaines de mes employées ont fait à ce jour. Il demande un minimum d’entretien. Pensez-y : il ne porte aucun bandage, aucune botte d’aucune sorte. Ça fait trois fois qu’on change l’attelage, car avec lui, tout n’est pas assez grand, assez long. Actuellement les entraves qu’il porte sont au maximum. Bref, l’individu, le cheval lui-même, est une sorte de phénomène. »
« Cela ne garantit rien. J’ai appris au fil des ans avec les chevaux que les choses peuvent changer rapidement. Aujourd’hui, tout va, demain, on ne sait pas. Il faut rester humble, garder la tête froide et les pieds bien vissés au sol. Une forme de réalisme nécessaire. Je n’aime pas m’enflammer. Si Enavant gagne 50 000$ en 2021, ce sera correct. S’il peut courir avec les meilleurs et se distinguer, c’est correct aussi. Je suis chanceux d’avoir mis la main sur un tel cheval, je n’aurais certainement pas eu les moyens de me le payer à l’encan ( 260 000$ ). Pour 2021, on a payé plein de stakes déjà et il courra à ce niveau s’il peut s’illustrer. Sinon, ce sera aussi correct. J’aimerais bien le voir courir à The Meadowlands le jour du Hambo. Ce serait pour moi la réalisation d’un vieux rêve. Mais peut-être que ça n’arrivera pas. »
La préparation
« Actuellement, Enavant est en préparation. Sera-t-il prêt en juin ? En juillet ou en août ? C’est lui qui me le dira. Il n’y a aucune pression la-dessus. Quand Max ( Velaye ) me dit qu’on est en retard, je le reprends souvent pour lui dire, non, Max, on n’est pas en retard, on est juste plus tard ! C’est le cheval qui dicte la cadence. La seule décision qui a été prise à ce jour, c’est qu’à un moment donné, il se qualifiera. Qu’arrivera-t-il ensuite ? Je ne le sais pas vraiment. Je suis dans les chevaux pour avoir du plaisir. »
« Quand je l’ai arrêté l’automne passé, bien des gens me disaient pourquoi arrêter un cheval qui est 11 en 11 ? Je ne souhaitais pas qu’il commence la saison 2021 dans la meilleure classe. Je voulais à ce moment et je le souhaite toujours qu’il commence à un niveau inférieur, comme par exemple les non-gagnants de 50 000$ à vie. Il y a droit. Si j’avais continué de le faire courir, il n’y aurait pas eu droit. Il a actuellement en banque 46 950$. Ça permettra un départ moins rigoureux. »
H3R
« Dans un monde idéal, j’aimerais toujours que mes chevaux courent à Trois-Rivières. Je ne suis jamais pressé d’aller ailleurs et j’y vais seulement si les chevaux ne peuvent pas faire chez nous. Nous entraînons à la ferme plusieurs chevaux : des fois je me dis que c’est trop. Mais bon, nous sommes maintenant en mars, l’hiver n’a pas été trop dur et le printemps viendra bientôt avec l’adrénaline de voir les poulains qu’on prépare, en piste et avoir du succès. C’est un beau moment de l’année. »
« Pour Enavant c’est le temps qui nous dira s’il s’agit d’un champion ou s’il a plafonné et se contentera d’être un bon cheval. Si c’est ça qui arrive, ce sera ça, point ! Personne n’en mourra et le soleil se lèvera quand même le lendemain. »
Pour les amateurs de courses du Québec, on imagine facilement que ce sera intéressant si Enavant continue de se développer en champion. On le souhaite à Guy Corbeil, à son équipe, et à nous aussi finalement, car ça nous fait vivre un beau ‘trip’.