Dommage que les archives et les statistiques ne puissent rendre hommage au talent qu’a eu Réal Bardier, décédé la semaine dernière à l’âge de 92 ans. De l’époque des années 40-50-60, malheureusement, bien peu de choses sont parvenues jusqu’à nous; même les archives de Standardbred Canada sont muettes sur toutes ces années glorieuses du trot et amble, dont M. Bardier fut l’un des héros.
Une carrière de champion
Ce qu’on peut dire de toutes ces années, c’est que Réal Bardier, originaire de la région de Sorel, était une des figures dominantes de son époque, comme conducteur et comme entraîneur. Durant ces années-là, les gens de chevaux étaient des généralistes qui brillaient dans les deux fonctions. Selon le confrère Paul Delean qui a produit un magnifique papier la semaine passée, M. Bardier s’est illustré non seulement sur les pistes québécoises, mais aussi un peu partout aux États-Unis. Il a brillé tour à tour à Buffalo, Yonkers, Rosecroft, Saratoga et Dufferin Park dans la région de Toronto.
Le bouche à oreille raconte qu’il a déjà gagné dix-sept courses en une seule journée, d’abord au Parc Richelieu puis à Trois-Rivières. Les rares archives disent aussi qu’il fut champion conducteur au Richelieu en 1952. À 17 ans, il est devenu l’homme de confiance d’un certain Raoul Potvin à la tête d’une impressionnante écurie et quand il eut sa propre affaire, il embaucha par moment jusqu’à cinq de ses frères. Faut dire qu’à l’époque, une famille de dix enfants, comme celle des Bardier, était chose fréquente.
De gros chiffres pour le temps
Stéphane, le fils de M. Bardier, a pris soin de son papa jusqu’à la fin. Il mentionne un nom qui rappellera sans doute aux plus anciens amateurs, un beau souvenir, celui du trotteur Carpet Bagger, un gagnant de 100 000$ en trois ans, un exploit hors du commun. M. Bardier brillait alors avec une centaine de victoires annuellement. C’était, dira Stéphane, un conducteur agressif mais un homme généreux. Rappelez-vous qu’au est au début des années 50 et que les saisons de courses sont plus brèves qu’aujourd’hui.
Une blessure au dos lors d’une empilade en courses mit fin prématurément à la carrière de feu Réal comme conducteur. On est au début des années 60, ce qui ne l’empêchera pas de s’occuper de chevaux et d’en entraîneur jusque dans les années 90. Les courses, c’était sa passion, les chevaux pareillement. Jusqu’à il y a deux ans, il enfourchait sa bicyclette et se rendait à l’hippo-club Décarie près de l’ancien Blue Bonnets, pour suivre les courses, surtout en provenance de Toronto.
Une longue vie
M.Bardier est décédé le 18 février après un séjour d’une dizaine de jours au Jewish Memorial Hospital, suite à d’importantes chutes de pression. Il laisse dans le deuil son fils Stéphane, toujours impliqué dans le monde des courses et actuellement à l’emploi de es cousins Normand et Claude, sa fille Sylvie et une petite-fille, Stéphanie. À cause de la situation qui prévaut actuellement au Québec, les funérailles seront privées et réservées aux membres de la famille. Plus tard dans l’année, si la situation Covid le permet, Stéphane aimerait organiser un hommage public pour son défunt père.
À sa famille immédiate, à ses neveux Normand Jr et Claude aussi, le CJQ offre ses plus sincères condoléances. Pas de doute, le monde des courses au Québec a perdu l’un de ses plus valeureux pionniers.