Début de saison fracassant pour Sam et Francis

14 février 2025

Par Daniel Delisle . –  Le temps file, c’est encore plus vrai quand on vieillit. Il semble que c’était hier que Samuel Fillion faisait ses débuts à H3R comme conducteur et que Francis Guillemette en faisait autant comme entraîneur. Depuis, les deux ont roulé leur bosse et ont finalement pris la direction de l’Ontario pour y gagner leur vie. Un arrachement à un milieu naturel, un éloignement difficile de parents et amis pour vivre leur rêve et surtout, gagner leur vie dans l’industrie. Et ma foi, ils sont parvenus tous les deux à se faire une place de choix, en surmontant plein d’obstacles et en y mettant tous les efforts nécessaires.

Samuel Fillion

Au moment d’écrire ces lignes, le 7 février, Samuel trône au tout premier rang des conducteurs au pays quand on pense aux victoires : il en a 38, quelques-unes de plus que son plus proche poursuivant. C’est évidemment le résultat de plusieurs kilomètres de déplacement entre les pistes de Flamboro, Western Fair et parfois, une pointe à Mohawk. Sa voiture avale des milliers de kilomètres, mais le jeune homme fait ce qu’il aime et ne lésine pas sur les moyens pour réussir. L’obstacle de la langue est dorénavant surmonté, Sam s’exprime de mieux en mieux dans la langue de Shakespeare. Qui plus est, des entraîneurs de renom n’hésitent pas à lui confier leurs chevaux. Il répond présent et sait se distinguer dans cet univers qui, lorsqu’on y met les pieds, peut parfois sembler une petite jungle. Surtout quand il s’agit de se tailler une place. On peut présumer qu’au fut et à mesure que le temps passera, que ses classes seront faites sur les pistes B de l’Ontario, qu’un jour pas si lointain il pourra se distinguer sur la grande piste. Il s’agit d’attendre, de faire ses preuves et d’y aller quand le timing sera excellent.

Au chapitre des statistiques, il faut aussi noter que Sam est 6e au pays pour l’argent amassé, soit 266 329$, et 7e pour la moyenne URS, .346, un chiffre ronflant s’il en est quand on considère que .300 est déjà un exploit en soi. Je me rappelle une histoire de paddock d’ici il y quelques années, quand ce jeune homme s’y amenait avec un cheval du nom de Classic Mondiale, un Omar Kayam dont les gains à vie se chiffrent à un peu plus de 18 000$. Le cheval n’était pas parmi les meilleurs, mais le jeune homme, avec une confiance frappante, faisait ses premières armes, dans le sillon de ses concitoyens de Mont-Joli, les Bérubé et les Roy de ce monde. Bien du temps a passé depuis et désormais ce gars s’est fait un nom par lui-même. Pensez-y, en 2024, ce furent plus de 2M$ de gains en bourses. Il est définitivement lancé et on ne peut que s’en réjouir.

Sam et Royalty Beer

Francis Guillemette

Le parcours de l’entraîneur Francis Guillemette est assez semblable, finalement. Des débuts modestes sur le Circuit régional il y a maintenant une dizaine d’années avec des chevaux aussi célèbre que Flame Reno, une Bertos Dream (?) avec des gains à vie de 10 000$. En plus de surmonter une terrible maladie qui aurait pu l’emporter, Francis s’est accroché, a connu des succès assez spectaculaires à H3R avec des chevaux qui ont retenu l’attention dans les années 2015, comme Surveillance, Clever Thing entre autres. Et c’est ainsi que petit à petit l’oiseau fait son nid, dit-on. Finalement, l’idée fait son chemin pour ce jeune homme d’aller travailler en Ontario dans des écuries de renom comme celle de Benoît Baillargeon, jusqu’au jour où il prend le risque de débuter là sa propre écurie. On est au tournant des années 2020, rien n’est facile, 77 000$ de gains en 2021, puis plus de 500 000$ en 2022.

Au 7 février, Francis est premier au pays pour la précieuse et enviable moyenne URS, soit .505, un phénomène en soi. 6e au pays pour les gains boursiers, 2e pour les victoires, avec un parcours semblable à celui de Samuel, les pistes B qui oeuvrent en hiver, Western Fair et Flamboro. Probablement que ces statistiques ne pourront être maintenues à ne niveau à longueur d’année, mais simplement le fait qu’elles existent maintenant est une réussite en soi. Et dans tout ça, Francis n’oublie pas son lien naturel avec le Québec. On l’a vu l’été dernier se distinguer dans les épreuves de la Coupe de l’Avenir avec le poulain de Félix Bélanger, The Magic Moment. Et il me confiait au cours des dernières semaines qu’il devrait être de retour en 2025 puisque deux de ses proprios ont acheté trois poulinières qui devraient rendre à terme des rejetons d’élevage québécois. Il ne s’en cache pas, il aime bien faire courir à l’occasion quelques-uns de ses protégés chez nous, devant parents et amis.

La Coupe de l’Avenir avec The Magic Moment

De tels jeunes constituent encore une preuve que le Québec peut produire des talents sur la scène nationale et on peut aussi ajouter, que sans l’existence d’H3R, l’éclosion de tels talents n’aurait pas été possible.