David Miller vers une autre étape

31 janvier 2025

Par Daniel Delisle . –  Le revue Trot de ce mois met en lumière la carrière exceptionnelle d’un des grands du trot et amble, le conducteur de l’Ohio David Miller. Un article fort bien documenté et admirablement bien traduit par Manon Gravel. On y apprend entre autres choses que 2025 sera la dernière année pour David sur le Grand Circuit, avec tout ce que cela comporte de voyages à travers l’est du continent; une vie dont peuvent s’accommoder les plus jeunes mais qui devient lourde quand, comme lui, on a dépassé la soixantaine.

Une carrière époustouflante

C’est un peu avant le début du millénaire que ce fils de conducteur-entraîneur de l’Ohio se produit sur le Grand Circuit, après s’être installé à The Meadowlands et y connaître de grandes années aux côtés par exemple de son émule, John Campbell. Une force dominante qui est venue petit à petit car comme le dit Miller avec humilité, il y a des étapes à franchir avant de devenir un régulier du Grand Circuit et de mériter la confiance des plus grands entraîneurs de jeunes chevaux, ce qu’il a réussi a faire avec le temps. Autour des années 2010, il avait déjà acquis la confiance des Takter, Burke, Brown, Moore etc. Et cette confiance, il l’a gagnée en se signalant lors des courses importantes. À son palmarès, deux North America Cup, un Hambletonian Oaks, 5 Little Brown Jug et pas moins de 28 épreuves du Breeder’s Crown. Le seul laurier d’importance qui lui a échappé aura été le Hambletonian, qu’il avait gagné en 2017, une course dans laquelle il avait ensuite été rétrogradé avec le trotteur de Ron Burke What The Hill. Une grand déception évidemment, mais qu’il aura fini par oublier.

Au sommaire de cet homme demeuré très terre-à-terre, plus de 86 000 courses, presque 14 600 victoires et surtout des gains qui dépassent maintenant les 300 M$. Une moyenne à vie sur le sulky malgré le très haut niveau de compétition, .299 UDRS. Voilà qui témoigne du talent incontestable de l’homme aux couleurs violettes, qu’on a parfois affublé du surnom de ‘Jesus’ tant ses prouesses tenaient parfois du miracle. Les 300 millions de gains le placent au deuxième rang de tous les temps, derrière John Campbell.

24 octobre 2015

Cette année-là les finales du Breeder’s Crown se tenaient à Toronto. Évidemment, tous les grands noms, autant humains qu’équins étaient sur place. Dans ce qui devait devenir un haut-fait de la carrière du ‘Buckeye’, Miller a remporté pas moins de cinq finales. Dans l’Open Pace avec Always B Miki, dans l’Open mare trot avec D One, dans l’open mare amble avec Colors A Virgin, chez les trotteurs de 3 ans avec The Bank et finalement avec les pouliches ambleuses de 3 ans, Divine Caroline. Au total de ces cinq victoires, 1.2M$ dans les poches des proprios et 60 000$ en 5% pour David. Dans les faits, c’est plus encore, car dans ce calcul on ne tient compte que des cinq victoires et non de toutes les autres bourses des différentes épreuves tenues à Woodbine. Je crois qu’on peut facilement parler de sa journée la plus lucrative en carrière. Cette performance a été égalée dans les années récentes par Dexter Dunn, c’est dire que ce n’est pas à la portée du premier venu.

On notera aussi au passage que David Miller fut le conducteur régulier de Always B Miki, un des plus grands ambleurs à avoir foulé le sol des pistes nord-américaines et qui était toujours détenteur de record absolu de vitesse avant la performance de Bulldog Hanover.

Always B Miki

Se retirer dans la gloire

Fait étonnant s’il en est, David Miller se retire après avoir gagné en bourses en 2024 plus de 13.7M$ en dollars canadiens. Ce fut son année la plus lucrative en carrière et il s’est même permis une moyenne URDS de .324, à un peu plus de 60 ans. En fait, en 2024, il vient au 4e rang des meilleurs boursiers, tout juste derrière Dexter Dunn, Yannick Gingras et Jason Bartlett, devançant ainsi entre autres les frangins McCarthy. L’homme ne se retire donc pas des épreuves du Grand Circuit, faute d’y avoir réussi au cours des derniers mois.

Une fois ce dernier parcours derrière lui, David retournera dans son Ohio natal où il compte participer encore aux courses dans ce coin de pays, Mais, finis les innombrables déplacements du Grand Circuit. Ce déménagement devrait lui permettre de passer plus de temps en famille et de bénéficier en quelque sorte d’une demie-retraite. Mais encore une fois, ce sera après la saison 2025 seulement.

Sur une note plus personnelle, je me permettrai d’ajouter que David Miller a été au cours des dernières années, mon conducteur préféré. Lors de ses deux présences à H3R, j’ai eu le plaisir de discuter avec lui et j’en ai gardé le très bon souvenir d’un homme affable et humble.