Par Daniel Delisle . – La saison à H3R est bel et bien terminée depuis le 6 novembre dernier. Le grand livre des statistiques ne saurait être retouché; c’est une affaire classée. Chez les conducteurs, on a maintes fois souligné les performances renversantes du champion Pascal Bérubé qui aura connu en 2022 une saison exceptionnelle qu’on ne devrait pas revoir de sitôt. Les figures familières que sont les Brosseau, Picard, et dorénavant Shepherd ont conclu leur saison aussi de belle manière. Et, il y a les autres, les jeunes pour la plupart. Plusieurs auront connu en 2022 une saison difficile, souvent en deçà des promesses qu’ils annonçaient en 2021.
Kiwon Waldron
Ce jeune homme discret, venu d’ailleurs a réussi de son côté une entrée remarquée dans le top-5 trifluvien. Son expérience acquise dans son pays d’origine l’a bien servi; son expérience, deux ans passés aussi, sur le Circuit Régional. Et voilà qu’en 2022, il opère avec succès la transition entre conduire à H3R et s’y distinguer. Différents entraîneurs lui auront fait confiance pour un beau total de 128 présences en piste. Parmi ces gens, bien sûr Michel Allard au premier chef mais aussi des entraîneurs aussi différents que Kevin Montmarquette, Éric Poisson, Pierre Piedalue, Stéphane Hubert, Yannick Martel, tous des entraîneurs assez satisfaits pour en faire parfois leur conducteur attitré comme Éric ou Kevin. Il s’agit là d’un élément clé dans les succès du jeune homme, mais ça ne suffit pas. Il faut aussi pour attirer l’attention de d’autres entraîneurs, sinon gagner du moins se signaler, avec des chevaux plus ou moins compétitifs.
Il y a aussi ce facteur non négligeable, être là, présent, prêt, même si le cheval confié ne figure pas parmi les favoris. Une honnête troisième ou quatrième ou cinquième places suffit parfois pour faire tourner la chance et attirer l’attention pour les bonnes raisons. À la base aussi, conduire pour des écuries compétitives ne nuit pas. Et aussi conduire en observant ce qui se passe autour durant une course et même avant.
En 2008, j’ai passé la saison à travailler au paddock pour la retransmission d’entrevues. J’y étais toute la soirée durant. J’avais noté au passage le comportement de Sylvain Filion, alors la figure dominante à l’hippodrome. Avant chaque course, c’était son rituel : il passait plusieurs minutes à regarder attentivement la feuille du programme de la course à venir. Il y scrutait sans doute les adversaires en présence, les positions de départs, la forme actuelle du cheval qu’il aurait à conduire ainsi que celle des adversaires. Tout pour maximiser ses chances avec le cheval qu’il conduirait. Chez nous, on a parfois l’impression que des conducteurs s’amènent en piste, sans savoir vraiment quels sont les adversaires en présence, les positions, la classe. Et ça donne des courses bizarres… et ce n’est pas le lot que des jeunes conducteurs, que non !
Se distinguer
Il y a bien des façons de le faire. La bonne, c’est sûrement de ‘mener à sa place’ comme on dit dans le milieu. Dans une récente entrevue avec Tyler Jones, dont les succès sont actuellement renversants sur le plus exigeant hippodrome au Canada, il me confiait qu’il avait beaucoup appris l’hiver dernier à Pompano Park, en conduisant avec et contre des David Miller et des Wally Hennessy, des gars qui ont gagné des milliers de courses. Cela, disait-il, a beaucoup contribué à faire de moi le conducteur que je suis maintenant. Je les observais attentivement.
Dans une récente entrevue, Michel Lachance, ( Dieu sait qu’il sait ce dont il parle ), disait en parlant de Dexter Dunn, qu’il ne le voyait jamais faire un mauvais ‘mouvement’ ( move ) dans une course. Quel compliment !
La relève
Il nous faut de la relève sur le sulky à H3R, de la vraie relève, jeune, enthousiaste, passionnée, dédiée, talentueuse. Les Steven Gagnon, Jessica Turenne, William Roy ont ce qu’il faut pour progresser à la manière de Kiwon. Bientôt en plus, Maxime Dinelle se joindra à cette cohorte qui doit coûte que coûte progresser. Nos leaders actuels, les Bérubé, Brosseau, Picard ont maintenant franchi la cinquantaine. Ils sont encore très alertes et ne veulent surtout pas laisser leur place. Mais comme dans tous les sports, les jeunes seront un jour appelés à prendre la relève et à dominer. Souhaitons-leur que 2023 soit un premier vrai pas dans cette direction.