Ces éleveurs indispensables

10 janvier 2025

Par Daniel Delisle . –  Étonnamment, il n’est pas question d’eux et d’elles tellement souvent quand on parle des courses au Québec. Pourtant, ces messieurs et ces dames jouent un rôle névralgique, essentiel. Sans leur apport, la mission du Club Jockey ne serait pas viable et nos courses encore moins. A y réfléchir et à compulser plusieurs documents, on se rend compte d’une chose : ils et elles sont plus nombreux qu’on pourrait le penser de prime abord. Laissons parler les chiffres.

La journée de l’élevage québécois

En 2024, c’était le 8 septembre. Une journée couronnée d’un franc succès sur toute la ligne, tellement en fait qu’il s’est parié ce jour-là plus que n’importe quelle journée depuis la reprise des courses par le Club Jockey. Un signe évident que lorsqu’on met en scène des courses exposant notre produit, la réponse du public parieur est excellente. L’élevage québécois tel qu’on le connaît actuellement est une formule hybride qui au fil des ans a fait ses preuves. L’éleveur qui possède une ou plusieurs juments poulinières peut la faire saillir par l’étalon de son choix. Il y a quelques conditions qui s’ajoutent à ce grand principe, conditions que les éleveurs connaissent bien, comme le fait que la jument soit de propriété québécoise, qu’elle habite le Québec avant telle date, etc.. des subtilités que le grand public ignore. Pour nous, c’est le résultat qui compte. Tel poulain ou telle pouliche est déclaré d’élevage québécois en ayant respecté un certain nombre de conditions. Pour nous, profanes, c’est ce qui compte.

Denitza Petrova

Mais revenons au 8 septembre : ce jour-là les 11 courses étaient vraiment dédiées à l’élevage québécois à deux courses près : des invitations ouvertes à l’amble et au trot. Les neuf autres courses s’adressaient à des produits d’élevage québécois. Combien pensez-vous y avait-il d’éleveurs impliqués? En en faisant le décompte, on reste surpris. On arrive au nombre de 44 : quarante-quatre personnes ou groupes de personnes qui ont mis en piste ce jour-là au moins un produit de leur élevage. Quarante-quatre! Un beau chiffre qui demeure même partiel car tous les éleveurs n’ont pas eu la chance ce jour-là d’avoir un de leurs protégés en piste parce qu’ils ne se sont pas qualifiés. On peut donc présumer facilement qu’il y a au Québec plusieurs dizaines de personnes qui s’adonnent à l’élevage et en extrapolant que ces mêmes personnes possèdent en moyenne deux poulinières, on arrive à l’impressionnant total de plus d’une centaine de poulinières. Vrai qu’on est loin des belles années, vrai aussi que c’est tout de même un chiffre intéressant compte tenu des circonstances.

Michel Allard

Qui sont-ils?

Il serait un brin fastidieux d’en faire la liste exhaustive. Contentons-nous de souligner celles et ceux qui ont mis en piste ce jour-là plus d’un poulain, pouliche. Claude Hamel et ses HP dominent de même que Guy Corbeil en y incluant l’écurie Provoquante, avec cinq poulains, pouliches. Avec quatre, on retrouve Jérôme Lombart et Michel Allard, dans ce dernier cas on inclut Allard Racing, Yves Sarrazin et Kapildeo Singh. Avec trois, c’est la fratrie Roy, Louis-Philippe, Pierre-Luc et la conjointe de celui-ci Maude Larouche. Denitza aussi a présenté ce jour-là trois protégés. Avec deux, on a reconnu feu Marcel Brouillard, Gaétan Bono, Félix Bélanger, Orlando Stable et le Haras de l’Estrie. Tous et toutes n’on pas eu le bonheur de gagner une course : tout de même quelques figure relativement nouvelles ont goûté à l’euphorie de la victoire : on peut penser à Félix Bélanger, à Martin Morel. D’autres comme Élisabeth Pothier revenait au cercle du vainqueur pour la 2e année de suite. D’autres comme Guy Corbeil et Denitza Petrova continuent d’investir dans le produit d’ici.

Elisabeth Pothier

La possibilité d’une victoire

Ce qu’il y a de merveilleux avec l’élevage, c’est qu’il peut permettre à quiconque, petit ou gros éleveur d’aspirer à la victoire. On connaît tous les histoires ‘cendrillon’ qui permettent une victoire à un ‘petit’, à un négligé, au rejeton d’une jument qu’on pourrait sous-évaluer. Ces histoires émotives alimentent les chroniques et font rêver les éleveurs de tout rang. Chose certaine, l’apport de tous ces éleveurs est vraiment essentiel à la poursuite des activités de courses au Québec. Le CJQ, à n’en pas douter, aimerait lui aussi augmenter l’argent investi dans l’élevage, mais ses moyens financiers demeurent limités. Peut-on espérer des lendemains meilleurs? Il faut se le souhaiter.

Yannick Corriveau et Serge Nadeau