Par Daniel Delisle . – Curieuse expression, direz-vous? Pourtant, elle décrit bien ce qu’il en est : chaque fois qu’une piste de courses cesse ses activités, c’est tout le p’tit monde des courses de chevaux qui est en deuil. Le 28 décembre dernier, après plus de 170 ans d’activités, la piste de Freehold, située dans la partie nord du New Jersey, présentait officiellement son tout dernier programme de courses. C’était la plus vieille piste en activités aux États-Unis. Un deuil pour toute l’industrie, non seulement sur la cote est américaine mais pour toutes les activités de courses en Amérique du Nord.
La valeur des terrains
On n’a avancé aucune raison particulière pour cette fermeture, si ce n’est que la valeur des terrains où se situe la piste a dorénavant un prix extrêmement dispendieux. Les proprios, Penn Gaming and Greenwood Racing voient dans la fermeture une occasion d’affaires. « Dans les conditions actuelles, nous ne voyons aucune issue et aller de l’avant serait difficile.» Ces propos laconiques à souhait trahissent un brin qu’en affaires, les attachements sentimentaux, la portée historique, le pain et le beurre de tout un groupe de gens de chevaux, pèsent peu dans la balance. Cette réalité, nous la connaissons trop bien au Québec, où tour à tour se sont éteintes les pistes de Sherbrooke, Saguenay, Aylmer, Québec et Blue Bonnets pour faire place à des développements de toutes sortes. Chaque fois qu’une nouvelle piste meurt, c’est toute l’industrie qui souffre.
Il y a quelques années, un ami qui habite Pointe-aux-Trembles m’a conduit à l’emplacement de la défunte piste du ‘bout de l’île’ comme on le disait autrefois. Il fallait avoir habité Pointe-aux-Trembles depuis presque cinquante ans, pour savoir qu’il y avait eu, un jour, une piste de courses, renommée, ce qu’on appelait pompeusement Richelieu Raceway, là où s’était couru le tout premier mille dit ‘miracle’ à la fin des années cinquante. Aucune trace d’aucune sorte aujourd’hui de ce passé glorieux. Et il en est sûrement autant pour les pistes québécoises de jadis. C’est dans ce contexte qu’on apprécie vraiment la chance d’avoir eu le Club Jockey du Québec pour garder en vie ce sport des courses que nous chérissons tous.
Un point central
La région new-yorkaise dans son ensemble offre quelques possibilités pour des proprios et des entraîneurs de faire courir leurs chevaux. Dans un rayon d’une centaine de kilomètres, vous avez le coeur de l’industrie en Amérique du Nord. Il y a bien sûr The Meadowlands, tenue en vie, faut-il le rappeler par Jeff Gural qui l’a sauvée d’une mort certaine, il y a aussi Yonkers, Monticello dont la fin est annoncée depuis plusieurs années, et en sortant vers l’ouest, Philadelphie et les pistes de Pennsylvanie.
Quand on parcourt la région immédiate de Freehold, on apprend aussi que plusieurs vedettes chez les conducteurs ont choisi justement cette région du nord du New Jersey comme port d’attache. Plusieurs s’y sont achetés des résidences, sans compter la présence de quelques centres d’entraînement qui abritent plusieurs centaines de chevaux. Certes Freehold n’attirait pas au quotidien les plus grandes vedettes et n’offrait pas les plus belles bourses. Mais la piste permettait à plusieurs gens de chevaux de vivre de leur sport sur une échelle plus modeste. Dans les derniers jours, les porte-parole de l’industrie parlent d’une reprise possible pour faire perdurer les activités de courses dans la région. Pouvait-il en être autrement?
‘The afternoon delight’
Freehold, comme ce slogan le prouve, était une piste de courses qui présentait ses programmes uniquement en matinée. On y retrouvait donc un lot d’amateurs-parieurs retraités qui venaient y passer l’après-midi tout en y pariant un p’tit 2$. Cela n’enlève en rien le fait que les plus grandes vedettes de notre sport s’y sont produits pour des courses avec des enjeux plus qu’intéressants. Hervé Filion, Stanley Dancer, William Haughton s’y sont produits. Les chevaux les plus illustres, comme Albatross, Cardigan Bay, Su Mac Lad y ont participé à des courses pour des enjeux alléchants Dans les dernières années, toute la relève de l’industrie, les Beckwith, les Maroon, les Miller ( Tyler ) les Ryder ( Patrick ), s’y sont fait la dent. Tout cela semble du passé désormais et on ne peut que s’en attrister.
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