Au sud de la frontière

08 mars 2025

Par Daniel Delisle . –  Le 28 février dernier, dans la tribune libre du New York Times, un certain M. Noah Shachtman publiait un article choc sur l’industrie des courses aux État-Unis, choc par son contenu, choc aussi par son titre qui ne pouvait faire autrement que nous inciter à le lire : Ahtletes dead. Empty Stands. Why Are We Paying Billlions to Keep This Sport Alive. On pourrait traduire par Athlètes morts ( ici les chevaux ). Estrades vides. Pourquoi payons-nous des milliards pour garder en vie ce sport? Assez percutant merci, n’est-ce pas?

Estrades à Yonkers

« Il n’y a pas si longtemps, 20 000 personnes se pressaient dans les estrades de la piste de la région newyorkaise de Yonkers. Parfois, plus même. Aujourd’hui, même par un beau soir d’été de juillet, ils sont à peine quelques dizaines. Ah, direz-vous, c’est qu’aujourd’hui, les amateurs restent chez eux et parient en ligne. On veut bien. Quoi qu’il en soit, il se parie aujourd’hui à peine le quart de ce qui se pariait jadis.Mais les bourses données aux gens de chevaux, elles, n’ont pas diminué, au contraire. Tout cela dérive d’un arrangement conclu en 2001 par l’état de New York qui stipulait qu’une bonne partie des revenus générés par les machines à sous des casinos, irait pour le financement des hippodromes. »

« À Yonkers, selon le président de l’association des gens de chevaux, Joe Faraldo, les bourses offertes pour les courses sont les plus élevées en Amérique. Le casino adjacent à l’hippodrome de Yonkers génère des profits de 600 M$ par année. L’hippodrome en reçoit le dixième, soit 60 MS. Multipliez par plusieurs pistes qui sont dans une situation semblable et vous arrivez mème à des milliards de dollars versés à l’industrie des courses de chevaux, autant thorougbred que standardbred.»

Sur le tablier de la piste

« Le résultat est bizarre, selon M. Shachtman : une forme de gambling prospère finance une forme de gambling marginal! » Il y va ensuite d’une certain nombre d’exemples des états où il y a des courses. Il cite le Maryland qui fournit à l’industrie 91M$ tirés des revenus des machines à sous. L’état a même investi 400 M$ pour rénover la piste de Pimlico. La Pennsylvanie a de son côté enfoui ( sunk en anglais ) dans le monde des courses. Même l’historique Kentucky dépend en bonne partie des argents des casinos. Selon Mme Elisabeth Jensen, une ancienne exécutif au Kentucky Equine Education Project Foundation, sans l’argent des machines à sous, Churchill Downs ne pourrait que présenter que quelques jours de courses par année! »

« Les promoteurs des courses de chevaux se défendent en disant que l’industrie sert à faire vivre toute une infrastructure agricole à travers le pays. Ce qui est vrai. Et que d’autres sports reçoivent aussi de l’aide gouvernementale, sous forme de retours de taxes, comme le basketball ou le football. La différence selon notre monsieur c’est que ces sports attirent des millions de personnes alors que les courses n’attirent qu’une poignée d’amateurs, à l’exception de journées très spéciales comme le Derby du Kentucky. »

Toujours selon le même auteur, une autre facette de notre sport est honteuse. Avec preuves à l’appui, il affirme que plus 11 000 chevaux, surtout thoroughbreds ont été abattus depuis 2014. Il ajoute du même souffle que la main d’oeuvre dans l’industrie est surtout sudaméricaine et que ces gens sont traités moins bien que les chevaux dont ils prennent soin. Dortoir commun, couchettes dans les tackroom, salaires inférieurs aux nomes. ( Il faut dire que cette dernière remarque s’adresse surtout à l’industrie du galop. )

Je vous fais grâce des autres conclusions de l’auteur de ce billet, et j’en retiens surtout une : que l’état cesse de subventionner un sport qui n’a plus la cote et qu’il le laisse survivre par ces propres moyens, i.e. par les retours sur le pari-mutuel. On croirait que ce monsieur est venu au Québec et qu’il a vu ce que le Club Jockey fait depuis une douzaine d’années, vivre selon ses moyens, i.e. par et du pari-mutuel.

NDLR L’article en question est très long. Pour celles et ceux qui voudraient le voir, référez-vous au New York Times du 28 février.