Par Daniel Delisle . – C’est une question aux multiples réponses, mais c’est aussi une question fondamentale pour quiconque veut et souhaite faire courir des chevaux à H3R. Un ambleur ? Un trotteur? Un produit d’élevage québécois? Un cheval payé autour de combien de dollars ? Un cheval qui fait ses frais parce que le proprio s’en occupe lui-même? Ou un cheval placé chez un entraîneur professionnel ? Autant de questions auxquelles il n’est pas facile de répondre. Peut-être aussi y a-t-il plusieurs réponses possibles. Voici en vrac quelques observations.
La méthode Auger-Gagnon
Le couple formé de Joel Gagnon conducteur et Nancy Auger entraîneur possède deux chevaux, deux ambleurs, deux produits d’élevage québécois, après que les deux chevaux en question eurent été acquis à l’issue de leur saison comme 3 ans. Sans vexer personne, ni Nancy, ni Joel ne sont des figures dominantes et les deux font avec leurs limites et leurs talents, des adversaires corrects. Fait aussi à souligner, le couple est un adepte du Circuit Régional et dans les statistiques qu’on consulte aujourd’hui, les courses disputées là sont comptabilisées pour fins d’évaluation. Ces courses sont disponibles à tout proprio qui possède des chevaux au Québec.
Les résultats de Nancy et Joel sont étonnants. Ainsi leur Mach Play, 6 ans en 2022, s’est forgé une fiche de 26 ( 4-6-3 ) 11 491$. C’est un ambleur d’origine québécoise. 11 000$ quand on en prend soin soi-même, ça paie les dépenses comme on dit. L’autre cheval, CL Big Beach avait 5 ans en 2022. Il s’est façonné une fiche de 31 départs ( 9-7-2 ) 17 457$, des chiffres remarquables dans les circonstances et qui incluent évidemment le CR. Avec plus de 17, 000, CL Big Beach fait ses frais, pas de doutes. Deux chevaux bien gérés, entre le CR et H3R; ce qui étonne ce sont les 31 départs de CL Big Beach. Dans une saison de 40 programmes, ces chiffres signifient qu’il court pratiquement toutes les semaines, son appartenance québécoise étant un atout supplémentaire.
Le cas Siddhartha
Siddhartha, selon Marie-Pier Paquin ne devait pas passer la saison à H3R et retourner en Ontario comme il l’avait fait les années passées. À 6 ans en 2022, Louis-Philippe Turcotte et Marie-Pier avaient dans l’idée de lui donner quelques départs chez nous avant de l’expédier ailleurs. Les choses ne se sont pas déroulées ainsi et Siddhartha a passé toute la saison à H3R avec des résultats étonnants : 19 départs ( 4-9-2 ) 30 163$. Presque autant qu’en 2022, alors qu’il courait en Ontario pour Gérard Demers. En en prenant soin eux-mêmes, Marie et LPT ont épargné plusieurs milliers de dollars de frais d’entraînement et le cheval s’est bien tiré d’affaires. 30 000$ à H3R, c’est presque payant. Siddhartha est aussi un produit d’élevage québécois, ce qui n’a pas nui.
Trois chevaux issus d’ailleurs
Est-ce à dire qu’il faille absolument posséder un cheval d’élevage québécois pour survivre à H3R ? La réponse semble non ! Outlaw Turn N Burn, du Groupe Perle Royale est un bon exemple. Voici un cheval ‘moyen supérieur ’ et le groupe paie évidemment pension pour ses besoins. Or, Outlaw s’est confectionné une fiche très acceptable de 26 ( 4-5-5 ) 18 050$ chez Dominique Picard. Un bon exemple d’un cheval qui arrive à joindre les deux bouts, chez nous. Tout à l’honneur des frères Picard. Le trotteur Bonfire Bash est aussi à sa façon un bon exemple de survie chez nous. Entraîné par Serge Houde pour lequel MM Carrier paient pension, le trotteur de 6 ans, produit d’ailleurs, a couru 22 fois ( 3-1-4 ) 15 265$, probablement assez pour payer ses frais. Dans ces deux cas, on peut parler de chevaux légèrement supérieurs à la moyenne, disons payés autour de 10 000$. PC Heisenberg de Mario Dumas, un trotteur honnête, entre de justesse dans la même catégorie : 21 ( 1-5-2 ) 12 750$. Mario s’en occupe lui-même. Et le cheval survit bien.
Un cas intrigant
Enfin, on s’entend généralement pour dire qu’un poulain étranger au Québec, a peu ou pas de chance de courir régulièrement chez nous. Le poulain de MM Lachance et Bédard, Southwind Leo fait mentir cette croyance. Ce poulain élevé au New Jersey a réussi à 3 ans à prendre le départ 20 fois pour une fiche de (3-6-2 ) et des gains de près de 14 000$. C’est très encourageant pour des gens qui ne pouvant pas se procurer les rares produits d’élevage québécois, tentent leur chance ailleurs et réussissent.
Pas de recette miracle
Comme on peut le voir avec ces exemples, il n’y a pas une seule formule. Être un produit d’élevage québécois semble un plus, ne pas payer plus de 15 000$ une limite à ne pas franchir, s’en occuper soi-même quand c’est possible, faire quelques incursions au CR une bonne idée, gérer son cheval avec clairvoyance. Bien assimiler le système en place à H3R est un must : lequel a des limites visibles comme une certaine rareté de chevaux dits des classes invitation, ( surtout au trot ), un à priori toujours avantageux pour un produit d’ici ( qui n’est pas propre au Québec et se retrouve dans à peu près toutes les juridictions ), l’avantage d’un jeune cheval est aussi indéniable. Il y aura toujours de la place pour des non-gagnants d’une ou deux courses.