Par Daniel Delisle. – Qui l’eût cru ? Plus de cent victoires à H3R dans une saison d’une quarantaine de programmes ? C’est bien de cet exploit qu’il s’agit quand on parle de la saison de rêve que vient de connaître le champion Pascal Bérubé. Un exploit que le collègue Guy Lafontaine voyait dans sa boule de cristal à la mi-saison. Et le champion aura fait honneur à cette prédiction téméraire de la plus belle façon qui soit : le suspense a été de courte durée, et à la 4e course, après les victoires de La Petite Grise et de Cafe Society, le tour était joué, l’exploit dans les annales.
Une pression extérieure
Pascal l’a répété au cours des dernières semaines, pour lui, cent victoires ou pas, sa saison, il en était fort satisfait, mais plein de gens autour de lui se sont sans doute chargés de lui rappeler que d’atteindre un pareil plateau serait une sorte d’apothéose sur une saison que tous lui reconnaissent comme exceptionnelle. Il faut beaucoup de régularité, beaucoup de constance pour arriver à gagner plus de deux courses à chaque programme, particulièrement quand on est à la merci des montures qu’on lui confie. Certes, le champion aura fait la preuve qu’il peut conduire des favoris comme La Petite Grise à la victoire sans coup férir, mais il a aussi prouvé tout au long de la saison, sa capacité à bien faire performer des chevaux que peu de gens aurait donné gagnants. C’est sans doute une des forces du champion.
Pascal n’était pas sans ignorer qu’il y avait beaucoup de publicité entourant son exploit; difficile pour lui de faire comme si cette quête n’existait pas. La pression, c’est d’abord celle que l’on se met soi-même, mais c’est aussi celle que les autres nous mettent. Et comme Pascal ne voulait pas décevoir ses admirateurs, et ils sont nombreux à H3R, il a tout fait pour arriver à cette centième et même à la dépasser.
La Petite Grise, numéro 99
La jument de MM Jodoin et Letendre était en principe sa victoire de la journée. Et quelle victoire ce fut ! Un no contest évident, la jument gagnant par plus de treize longueurs dans la 3e course en un temps percutant de 1.57. La Petite Grise du printemps dernier, quoi, alors qu’elle faisait la pluie et le beau temps à H3R. Aujourd’hui, les astres étaient alignés et La Petite Grise n’a pas déçu les parieurs qui en avaient fait une favorite prohibitive à 1/9. Et Pascal n’a pas craqué, la jument non plus.
Cafe Society, la 100e
Le hasard fait souvent bien les choses et il fallait que l’exploit de cette centième victoire ait une couleur spéciale. Et ce fut le cas ! La jument est entraînée par Sylvain Tremblay, l’homme qui fait confiance à Pascal depuis ses débuts. Les deux, pour la deuxième année de suite, ont uni leurs efforts pour remporter les titres d’entraîneur et de conducteur par excellence, alors il convenait que la 100e de Pascal soit signée Sylvain Tremblay. Et la vaillante Cafe Society s’est mise à l’ouvrage comme jamais, ou plutôt comme toujours chaque fois que les deux sont jumelés et a offert une performance exceptionnelle, ses rivales lui donnant du fil à retordre. On parle ici surtout de Fancy Girl ( Michel Lagacé ) qui ne voulait rien céder à Cafe Society : résultat un premier quart en 29.2, une demie en 58.1 avant que Cafe Society ne se débarrasse de sa rivale. Plusieurs ont pensé alors qu’elle avait tout donné. Mais non, dans une mise en scène comme seule cette jument en a le secret, elle a filé tout de même à la victoire en 1.58.3, plus de deux longueurs devant Whitemountaincammy ( Stéphane Brosseau ). Une pièce d’anthologie pour tous les fans de Pascal.
Un exploit dignement souligné
H3R sait faire ! François Carignan sait faire et la victoire de Pascal lui a valu de très beaux cadeaux, une bonne entrevue avec son plus fidèle supporter Guy Lafontaine et des mots de circonstance de sa compagne Isabelle Binet et de fiston Olivier, dans une mise en scène irréelle, Olivier étant en France pour y disputer une carrière professionnelle de hockeyeur. De beaux moments dont on reparlera souvent. Pascal a poursuivi avec des victoires de Lido Hanover ( Dany Mainguy ) et Pey Bug ( Stéphane Hubert ).
Des paris de 138 000$ pour mettre un terme à une saison réussie. Bravo à toutes celles et tous ceux qui ont rendu ce succès possible. À François Carignan au premier chef, grand rassembleur d’une équipe qu’il a modelée à son image, toute dédiée à une clientèle qu’il faut à tout prix conserver. Et souhaitons-nous un retour en force en mai prochain.
Cette chronique se poursuivra tout au long de la saison hivernale, les vendredis et les samedis en espérant que les sujets abordés gardent au cœur et à l’esprit de chacun, la passion de ce loisir si riche quand on le connaît.