10 000 victoires pour Daniel Dubé

17 octobre 2025

Par Daniel Delisle .-  Ces jours-ci, Daniel Dubé aura atteindra le plateau enviable des 10 000 victoires. Au moment d’écrire ces lignes, il en a 9 999 et avec les conduites qu’il a ce weekend,  ce sera fait sous peu . Un exploit qui rangera Daniel au rang des meilleurs conducteurs jamais produits par le Québec, au rang des Michel Lachance, Luc Ouellette et compagnie. L’exploit est d’autant plus remarquable que depuis quelques années, Daniel se produit sur les circuits les plus exigeants en Amérique, ceux de Yonkers, son port d’attache et ceux de The Meadowlands qui lui a assuré la notoriété.

Gallo Blue Chip gagnant de la Breeder’s Crown à 3 ans

Des débuts modestes

Daniel est né en 1969 et a donc grandi dans un monde où les courses de chevaux étaient parmi les loisirs les plus recherchés au Québec et ailleurs en Amérique du Nord. Daniel est le fils de Léo Dubé et Huguette Cyrenne et a donc grandi à l’ombre, si l’on peut dire du secteur des écuries de l’hippodrome de Trois-Rivières. Dès son plus jeune âge, les chevaux ont fait partie de sa vie et cela restera une marque indélébile sur l’homme à chevaux qu’il est devenu. Chose certaine, si les études n’étaient pas son passe-temps favori, les chevaux, l’étaient. Et dès qu’il a pris place sur un sulky dans des courses dites ‘ a go go’ comme on les appelait dans le temps, il s’est démarqué et le talent était visible. À l’aise, naturel, sont des qualificatifs qui lui convenaient à merveille.

Au tournant des années 90, le paternel, Léo, a pris une décision qui devait influencer le cours de sa carrière. Les bourses étaient meilleures à Québec qu’à Trois-Rivières, et Léo poussa fiston à s’exiler dans la Vieille Capitale. Léo fit aussi ce qu’il put de mieux, en lui donnant pour ainsi dire les chevaux qu’il possédait à l’époque, les HLD, BB Son Pride, Melissa CA et compagnie, en plus de Dads Toy donné pour ainsi dire par un admirateur. Le samedi, Léo se rendait à Québec, ravitailler Daniel en foin et autres nécessités. Évidemment, aucun de ces chevaux n’était un champion mais Daniel réussit par son brio avec ces chevaux moins talentueux à attirer les regards d’entraîneurs de là-bas. L’ascension fut rapide, tellement le talent était évident et en moins de deux ou trois ans, il supplantait le champion pérenne de l’époque, Gabriel Boily.

Le grand exil à New York

En 1997, après avoir raflé les titres de meilleur conducteur à Hippodrome de Montréal et atteint des sommets au Canada, la décision fut prise de tenter sa chance aux USA, avec en poche quelques dollars bien sûr mais surtout son talent, la seule chose qui pouvait lui ouvrir des portes là-bas. Épaulé par Luc Ouellette surtout, plus que par son éloquence à se promouvoir, Daniel décrocha assez rapidement un nombre suffisant de conduites pour se démarquer à Yonkers. Sans en être le champion, son coup de guides attirait déjà les regards, tellement que le secrétaire de courses de The Meadowlands l’invita à venir courir là-bas. Là encore, il se démarqua assez vite, même si on s’entend pour dire qu’à l’époque plus encore qu’aujourd’hui, The Meadowlands regroupait vraiment les meilleurs conducteurs en Amérique. John Campbell, Michel Lachance, Luc Ouellette, David Miller, Catello Manzi, George Brennan, Ron Pierce. Ce n’était pas facile de percer une telle équipe et il réussit.

Gallo Blue Chip

On est en 2000. Daniel est encore pour plusieurs une verte recrue sur le Grand Circuit et aussi à The Meadowlands. La saison des stakes arrive et John Campbell, est approché par Mark Ford pour conduire son poulain, alors âgé de 3 ans, du nom de Gallo Blue Chip qui a connu une saison relativement modeste à 2 ans. Finalement, pour faire une histoire courte, Campbell opte pour un autre poulain dans la finale de la North America Cup. Daniel est alors appelé en relève et gagne la finale. Il avait auparavant été appelé aussi à conduire Gallo, mais dans l’esprit de Ford, il était le substitut, jusqu’à la finale. Quelques semaines plus tard, dans un Meadowlands Pace doté à 1.1M$, Daniel poursuivit sur sa lancée et devient le conducteur attitré pour le reste de la carrière de ce grand et mémorable cheval.

Un tremplin

La notoriété acquise aux guides de Gallo Blue Chip, allait permettre à Daniel de conduire régulièrement sur le Grand Circuit et décrocher la conduite de plusieurs très grands champions. Au passage, on se rappellera des chevaux comme Rock N Roll Heaven, Boulder Creek, Vintage Master, Keystone Velocity, Emoticon Hanover, etc…La liste serait longue.

Le même homme

S’il y a une chose qui n’a pas changé au fil des années, c’est l’homme simple que Daniel est resté. Fidèle à ses amis, même les plus humbles, partout où il est passé, il s’est fait rapidement des amis. Son secret? Sa grande humilité qui a toujours fait de lui, un gars brin timide avec les médias, mais combien sympathique et apprécié par tous ceux qui le connaissent. On l’a vu encore le 14 septembre dernier. À 56 ans, il a encore de très bonnes mains, une belle fougue, et surtout, il est demeuré accessible et vrai avec ses nombreux amis. 10 000 est un plateau extraordinaire, mais il ne changera en rien l’homme simple qui l’a atteint. Félicitations Dan!

le 14 septembre dernier